banniere pecheur.com

    Technique de pêche
 

Pêche du sandre au leurre souple
De plus en plus fin !

Montage finesse

Certains pêcheurs de sandre font évoluer leurs montages vers de plus en plus de finesse, de légèreté, et de discrétion, pour contrer l'accoutumance ou optimiser les résultats. Mythe ou réalité ?

Le point sur la question avec les interviews de trois compétiteurs spécialistes du sandre : Samir kerdjou, Jérôme barnouin et David Simon. Ils ne sont pas forcément d'accord sur ce sujet.

Cliquer sur les photos pour les agrandir
Perche moderne du sandreCette tendance est assez spectaculaire dans le monde de la compétition carnassier, qui on s'en doute est une sorte de laboratoire où tout ce qui peut permettre de prendre quelques poissons de plus est testé à longueur d'année.

C'est donc très logiquement que l'on trouvera dans cet article les interviews de quelques uns des meilleurs spécialistes du sandre des deux grands circuits.

Mais d'une part les conditions de pêche en concours sont sensiblement plus compliquées qu'en temps normal, et d'autre part le petit monde de la compétition est très sujet aux phénomènes de mode ou du moins à l'influence des leaders.

Affiner ses montages au maximum a des effets secondaires plus ou moins indésirables (casses, perte ou épuisement des gros poissons).
Il est donc nécessaire de se livrer à une réflexion sur son intérêt pour nos pêches de tous les jours, et ne pas tomber, peut-être, dans le piège de la finesse pour la finesse.

Par exemple essayer de savoir « si » et « quand » elle peut s'avérer utile.

Un premier élément de réponse, est que même en faisant abstraction d'une éventuelle méfiance du sandre vis à vis d'une ligne trop visible (phénomène qui à mon avis reste à démonter formellement), la finesse peut être une résultante nécessaire de la diminution des grammages et de la taille des leurres ou appâts.

C'est sans doute de ce côté là qu'il faut chercher la principale raison de cette tendance à l'affinage.

Le sandre, on le sait, est assez rarement d'humeur très offensive (j'évite volontairement le terme d'agressivité, qui est ambigu et désigne plutôt la réaction d'agacement).

Sans doute parce qu'il chasse la nuit au moins autant sinon plus que le jour (et ce d'autant plus que la pression de pêche est grande), on le trouve le plus souvent repu, et donc beaucoup plus tatillon et circonspect que lors de ses moments d'activité alimentaire. C'est ce qui le différencie radicalement du brochet.

Ce phénomène peut être accentué lorsque sa méfiance est mise en alerte par trop de remue-ménage, comme c'est le cas en compétition, où de nombreux bateaux patrouillent dans tous les sens, rompant le calme habituel.

Si en plus les conditions sont défavorables (eau claire, forte luminosité, calme plat), les faire mordre devient carrément problématique.

Mais où sont passées les pêches faciles des débuts de la verticale ?

pêche fine du sandre en linéaireJe me souviens avec nostalgie de mes débuts en verticale sur mon lac favori, quand les sandres n'avaient jamais rien vu de tel.

Un bon gros shad fire tiger de 15 cm, animé par tirées sèches et plus ou moins amples les faisaient invariablement craquer.

On montait ça sur un plomb sabot de 20 ou 24 grammes « pour être tranquille », et le tout était relié à la tresse 15/100 par un bas de ligne en fluoro 40/100 pour se protéger du brochet.
J'ai même essayé le hard nylon, qui est à peu près aussi raide que du fil de fer. Et ça marchait au poil.

Essayez ça aujourd'hui sur ce même lac, l'un des plus pêché en verticale du pays depuis des années, et vous m'en direz des nouvelles...

Si vous n'êtes pas capot (il y a toujours quelques pin's ou l'idiot du village pour se jeter sur tout ce qui passe), ce sera déjà un résultat honorable.

Personnellement, sur ce plan d'eau, je ne pêche quasiment plus qu'avec des shads sans flap caudal (shads dits finess), généralement de couleur neutre (mais ça dépend des jours), animés très lentement voire pas du tout et, de plus en plus souvent, de petite taille, c'est à dire 8 ou 10 cm.

Michel Tarragnat à Saint-Etienne-CantalesMoyennant quoi j'arrive à faire ma pêche, à défaut de faire des miracles, même quand c'est dur.

Et curieusement, contrairement à ce que je craignais en essayant des leurres plus petits, j'ai en général plus de touches (c'est bien le but), mais surtout la taille moyenne n'a pas diminué, j'ai même l'impression de toucher plus de poissons corrects (ne parlons pas gros, c'est un autre débat).

Cet affinage qui s'est fait au fil du temps a forcément nécessité une modification des montages.

On ne peut pas décemment monter un shad de 4 pouces sur un plomb sabot de 24 grammes muni d'un hameçon fort de fer, et relié à du 40/100.
Comme on dit « ça ne le fait pas ». D'autant plus que pêchant plus lentement, j'ai besoin de moins de plomb.

Bref, le plus souvent c'est 10, 14 ou 17 g pour les pêches profondes, avec hameçon fin de fer, pas de triple voleur (le plus souvent inutile sur un shad de 4 pouces.

Tresse de 8 ou 10/100 et en bas de ligne 2m de fluoro 22 ou 24/100, qui restent raisonnablement solides mais offrent une meilleure présentation et ne brident pas le leurre lors de l'aspiration.

C'est avant tout une question de présentation naturelle, plus que de sandres se méfiant du fil ou de l'hameçon.

Mais demandons l'avis de quelques spécialistes.

Samir Kerdjou : « La finesse permet de renouer avec les touches en série »

Samir KerdjouOn ne présente plus Samir, l'homme qui fait trembler les compétiteurs les plus aguerris.

Pour lui il ne fait aucun doute que la finesse permet de faire la différence avec des poissons peu mordeurs ou méfiants.

Team Ultimate Fishing.

Samir kerdjou avec un sandre« Je remarque que très souvent, quand tu arrives sur un bon poste tu prends d'entrée une touche ou deux, puis plus rien.

Tu t'éloignes, tu reviens sur le poste une heure plus tard, tu reprends une touche, et fini, ce qui prouve que le poisson est encore là mais ne mord plus car sa méfiance est éveillée.

En pêchant très fin on arrive à contourner ce problème et à faire des séries, car la méfiance apparaît beaucoup moins vite ».

Pour lui la finesse est un tout et ne concerne pas uniquement le diamètre du bas de ligne, qui n'est qu'un élément parmi d'autres. Tout doit être en harmonie.

Quand il vise les poissons difficiles il utilise désormais du fluoro 19/100 en bas de ligne, et il lui arrive même de descendre au 18/100 sur des zones parfaitement dégagées.

Dans le même temps, il l'a rallongé pour atteindre 3 à 4 mètres par temps calme, la moitié seulement par temps venteux.

« Plus ton bas de ligne est long plus il est élastique, mais
Montage finesse pour le sandreplus tu perds de la perception. L'élasticité permet d'éviter les casses, mais il faut trouver le bon compromis.
Par temps calme, la ligne pêche tendue et les perceptions sont bonnes, donc on peut allonger. Quand il y a du vent on perd de la perception donc il faut raccourcir ».

Son montage pour le leurre souple en verticale ou en linéaire a évolué vers une recherche quasi maladive de la discrétion, de la souplesse et d'une présentation naturelle.

Désormais Samir rejette les têtes plombées classiques, dont il estime que les hameçons ont une hampe trop longue qui rigidifie le leurre.

Il utilise des modèles « faits maison » avec des hameçons très courts mais à grand écartement, sur le principe de la Fireball, qui ressortent dans la tête du leurre et non dans le dos.

Le grammage a été revu à la baisse, 3 à 8g pour des pêches jusqu'à 10 mètres, parfois moins pour les pêches de bordure.

Il a aussi renoncé au triple voleur, qu'il juge trop voyant sur un petit leurre, et l'a remplacé par un hameçon simple à truite n°6 ou 4 qui sort juste avant le resserrement de la caudale.
Samir avec un gros sandre L’empile en 22/100 est lochée à l’intérieur du leurre et fixée à la courbure de l’hameçon principal par une mini-boucle.

« Ce montage n'est pas simplement discret, il permet surtout de garder au leurre toute sa souplesse, et c'est ce qui fait la différence.
De plus l'hameçon simple limite les décrochages qui sont l'un des principaux problèmes que l'on rencontre en pêchant très fin, puisqu'il n'est plus possible de ferrer aussi fort qu'avec un montage classique ».

Pour limiter les casses et les décrochages, sa recette est la suivante : frein réglé à la limite de la casse au ferrage, canne plus souple limite parabolique, ferrage moins appuyé, et vérification très fréquente du bas de ligne.

Il a changé de taille de moulinet : « la grande mode c'est le moulinet en taille 1000, très léger. Je suis passé par là, mais c'est fini, je les revends pour acheter des 2500. »

Pourquoi ? Parce qu'en 19/100 il n'est pas possible de ferrer assez fort pour bien planter l'hameçon à tous les coups, et qu'un ratio plus élevé fait la différence : « c'est le moulinet qui finit le travail, avec une récupération rapide il n'y a aucun mou, et les coups de tête du poisson assurent le ferrage ».

astuce  Choix technique ou stratégique ?

La finesse a des avantages et des inconvénients, mais Samir n'est pas prêt à sacrifier le rendement et à perdre des poissons sans réagir.

« Pêcher fin, en compétition, c'est un choix stratégique autant que technique. C'est sûr qu'en pêchant en 25/100 on peut ferrer fort et on ne casse quasiment jamais, mais si c'est pour galérer la moitié de la manche pour toucher trois poissons, je préfère prendre le risque et faire le quota en deux heures puis me consacrer à une autre espèce.

C'est du simple bon sens. Si les gars cassent au ferrage c'est qu'ils pêchent fin mais n'ont pas modifié leurs habitudes ».

 

Jérôme Barnouin : « je préfère varier les techniques et les animations que pêcher fin... »

Jerome Barnouin, compétiteurVainqueur en 2011 de la catégorie sandre du circuit AFCPL D1 avec son coéquipier Yvan Pavelic (team AMS Fishing - Powerline - Bass Boat Europe Rodez).

Jérôme reste assez circonspect quant au réel intérêt de l'ultra-finesse.

Jérôme Barnouin et deux jolis sandres Il a observé que le sandre pouvait s'adapter à une pression de pêche stéréotypée.

Par exemple sur le lac du Salagou, qu'il pêche beaucoup, c'est plus dur qu'avant pour les verticaliers.

« Au début on les prenait vers 10-12 mètres et progressivement il a fallu pêcher de plus en plus profond pour toucher des poissons "neufs".
Maintenant la plupart des pêcheurs prennent leurs poissons entre 20 et 25 mètres en hiver.

Pourtant à 10-12 mètres il y a toujours du sandre mais on les prend souvent avec des techniques de réaction comme le plomb palette ou au contraire en drop shot.

Ils sont bien là mais il faut les prendre autrement qu'à la verticale ! ».

Pour autant, Jérôme n'est pas devenu un inconditionnel de la finesse et il descend rarement au dessous de 25 centièmes en bas de ligne, mais avec une tresse fine (7/100) qui lui permet de bien "fendre" l'eau.
Gros leurres à brochet Son bas de ligne passe-partout est en fluoro 30/100, parfois en 25/100. Il est assez long : 3 mètres, ce qui donne un peu d'élasticité au montage et permet de moins décrocher de poissons.
Le grammage employé est en général assez lourd : 21/28g.

« Je ne cherche pas à alléger à part dans quelques cas précis comme à l'open de Penne d'Agenais 2011 (on finit 3èmes) où nous avons pris quelques sandres en verticale avec 5 grammes de plomb et shad de 3 pouces (8 cm).

Les poissons étaient suspendus entre deux eaux dans un arbre immergé et il suffisait de descendre le montage dans les branches et de ne pas bouger pour prendre de grosses touches.

À l'inverse, nous pêchons le Rhône en crue avec des têtes plombées de 28 g et shad Big Hammer de 6,5 pouces entre 3 et 5 mètres d'eau !!!
Là, c'est de la verticale "heavy". Et c'est souvent comme cela qu'on fait les plus gros. »

Les seul cas où il lui arrive d'affiner c'est en lac et pour la pêche en linéaire.
Gros sandre du Rhône En lac l'eau est souvent claire et le poisson a tout son temps pour analyser le piège. Dans ce cas il descend en 20 ou 25 centièmes en bas de ligne.

Pour le linéaire, c'est tresse 7 centièmes, fluoro de 3 mètres en 18 ou 20 centièmes, tête plombée de 3g, 5g ou 7g et shad de 3 pouces.

Le but étant de faire planer le leurre le plus longtemps possible au-dessus du fond pour avoir une nage naturelle.

Comme les grammages utilisés sont légers, la bannière ne peut jamais être bien tendue et fait un léger ventre qui permet au sandre de mieux aspirer le leurre.

Jérôme emploie également des techniques rapides dites « de réaction » : plomb palette, Jigging Rap, lames vibrantes, etc.

Dans ce cas la finesse est sans importance car le poisson n'a pas le temps d'analyser quoi que ce soit avant d'attaquer. Il emploie donc du 30/100.

astuce  Test non concluant

La saison dernière, son équipier Ivan Pavelic a essayé de pêcher plus fin en bas de ligne : 18 centièmes en fluoro voire encore moins en nylon (en petits diamètres le nylon est plus solide que le fluoro) et cela s'est soldé pas 2 ou 3 casses de poissons maillés en compétition et d'après eux pas plus de touches.

« Je n'aime pas les aléas et en compète, il en faut le moins possible. Je préfère avoir peut être moins de touches (et ce n'est pas prouvé) mais les assurer.
Oui je pense que le sandre évolue, mais pour le prendre je préfère varier les techniques et les animations que de pêcher fin au risque de le perdre. C'est vraiment un raisonnement de compétiteur mais en concours chaque poisson vaut de l'or!!! »

 

David Simon : Je suis convaincu des vertus des « pêches finesse »

David SimonGuide de pêche et compétiteur, il s'est distingué avec son équipier Francis Roche par des séries de sandres impressionnantes, chose assez rare en concours.

Cette particularité leur a valu de remporter le Challenge et le grand Prix de France devant le gratin des compétiteurs français.

Son site internet : www.barrage-peche.fr

david Simon avec un joli sandreLeur spécialité consiste à assiéger un secteur « porteur » et à continuer d'en extraire des sandres quand les autres concurrents n'ont plus de touches depuis longtemps, atteignant parfois des scores sans appels, du style 10 ou 15 poissons sur moins de 100 m.

Et cela se reproduit trop souvent pour être dû à la seule chance.
J'ai eu l'occasion de les regarder faire en détail, et n'ai pourtant jamais rien constaté qui puisse expliquer ce succès.

La finesse ne serait-elle pas l'explication ?

C'est ce que pense David : « Si je prends l'exemple de la manche de Cabanac (qu'ils ont remportée avec 18 sandres), après l'euphorie des premières captures, beaucoup de bateaux se sont approchés et la zone a été saturée.

Les touches se sont arrêtées. Nous avons décidé de refaire nos montages et de passer à la tirette avec du fluoro 18/100.

Et nous avons aussitôt recommencé à avoir des touches, alors que pour les autres c'était très dur. »
David Simon avec un sandre pris à la tiretteAprès des années de traque intensive des sandres en barrage David s'est aperçu que le mort manié, montage lourd et solide, atteint ses limites aux beaux jours quand les sandres remontent en surface ou se postent dans peu d'eau.

Il se convertit alors aux techniques dites « finesse », qui ne se limitent pas à une simple réduction du diamètre de la ligne.

Son approche est lente et méthodique. Il commence avec un montage classique, pour le cas où il y aurait des brochets en chasse.

Une fois trouvés les sandres et la technique la plus prenante, il affine ses montages, passant du 30/100 au 20/100 voire moins.

De la même manière il peut diminuer la plombée jusqu'à moins de 5gr suivant les conditions.

Il convient aussi d'identifier la taille des proies chassées par le sandre et de leurs présenter des leurres ou appâts naturels de dimension adaptée.

astuce  Son « Top 3 » des pêches finesse

Les pêches fines qu'il pratique le plus sont :

- Le drop shot avec appât naturel ou leurre souple pour les pêches profondes de postes marqués.

- La tirette légère et lente pour les fonds propres (plages, hauts-fonds) : « J'ai pris de très beaux sujets grâce une ablette montée sur un hameçon fin de fer et un bas de ligne fin mais assez long ».

- Le LS en linéaire qu'il pratique de deux façons : la première en lancer-ramener lent entre deux eaux. Technique efficace notamment quand il y a du fourrage en surface. La deuxième en reprenant le fond après chaque animation.

Suivant la profondeur la plombée peut descendre jusqu'à 1,5g avec un leurre de couleur et de taille adaptées aux proies du moment.


 
 flèche  Acheter des leurres souples pour le sandre


Autres articles sur la pêche du sandre

• Le brochet au leurre souple avec Sylvain Legendre
• Le drop shot avec Ben Ampaud
• La verticale
• Le skipping (théorie)
• Les montages tandem
• Le pitching
• La perche aux leurres souples
• Choisir la couleur des leurres



Page d'accueil > Techniques > Leurres souples

© 2013 - Michel Tarragnat