Remise au goût du jour par la compétition, la technique du plomb palette n’en finit pas de faire parler d’elle. Laurent Vrignaud s’en est fait une spécialité.

Laurent Vrignaud

Moniteur guide de pêche BPJEPS - Tel: 06 74 47 39 21 - Email:

Fondateur de Découvr'Anim'Pêche - http://decouvranimpeche.com
Compétition : organisateur de l'Open de Mervent, vainqueur du classement perche AFCPL 2008, 4ème de l'open de Biscarrosse 2008.
Sponsors : Garbolino, Delalande, No Kill Generation, Humminbird, Minn Kota.

Évoquez Laurent Vrignaud devant n'importe quel compétiteur du circuit AFCPL il vous répondra aussitôt du tac au tac : « Laurent ? Ah oui, El Plombo ! ».

Car, et ce n'est pas le moindre des paradoxes, cette technique ancestrale bien franchouillarde - longtemps considérée comme une technique « à papa » rendue obsolète par les petites merveilles de leurres japonais - s'est retrouvée propulsée sur le devant de la scène par la compétition carnassiers, fer de lance de cette même modernité.

C'est qu'en concours l'efficacité prime sur toute autre considération, et même s'il ne permet pas forcément de gagner, il rapporte presque toujours son lot de points, surtout quand il y a de la perche et du sandre.

Au vu des résultats obtenus par des spécialistes comme Gaël Even, Laurent Poulain ou Laurent Vrignaud, de nombreuses équipes jusque là réfractaires se sont mises au plomb palette.

Un leurre universel

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Laurent, lui, ne se pose pas la question, il pêche au plomb parce qu'il aime ça et est passé maître dans l'art de son maniement.
Cela tourne parfois à l'obsession, mais une obsession qui finit bien souvent par payer.

Je me souviens de notre première partie de pêche commune sur le lac du Charpal, haut-lieu de la pêche du brochet en Lozère mais également riche en perches, en compagnie de Nasser Khanfour.

Nasser et moi recherchions le brochet au crank, spinner et autre swimbaits, avec quelque succès dans un premier temps, même si nos prises ne dépassaient pas les 70 cm.

Laurent lui, placé au milieu de la barque, martelait inlassablement le fond au « plomb-pal » et enchaînait les perches de 25 cm les unes derrières les autres.
À plusieurs reprises nous lui proposâmes d'échanger nos places pour qu'il puisse se faire plaisir en power fishing, mais il déclinait en expliquant que ça lui convenait.


En fin d'après-midi les brochets avaient cessé de mordre, et après une paire d'heure à peigner en vain des postes sublimes nous songions à rentrer.

Seul Laurent, imperturbable, touchait encore des perches au plomb, quand il se fit enfin atteler par « le big » de la journée, un brochet de 96 cm.

Cette anecdote vient à point nommer répondre aux critiques de ceux qui pensent que le plomb palette est une technique pour petits poissons.
On ne compte plus le nombre de gros brochets, sandres, perches ou même silures qui se prennent chaque année avec cette technique, et en particulier quand on utilise des plombs lourds agrémentés de leurres souples, qui augmentent la taille du tout.

En fait, il prend du poisson de toutes tailles, un peu comme la cuiller tournante n° 3 ou le twist de 12 cm. C'est un leurre universel.

Pêches profondes

Mais son véritable atout n'est pas là, il est dans sa faculté, certains jours, de séduire des poissons que rien n'intéresse, et dans les scores incroyables qu'il permet parfois de réaliser.

Car s'il prend du poisson toute l'année, c'est avec des hauts et des bas. D'après Laurent la meilleure période et de loin est octobre-novembre, à partir des premiers froids.
C'est LA période de l'année où cette technique est définitivement incontournable.

Je parlais à l'instant de gros scores, ce qui m'amène au récit de ma seconde sortie avec « El Plombo », récit qui illustre à la perfection le pouvoir du plomb palette en période faste, et qui remonte au mois de novembre 2008, sur le lac de Saint-Étienne-Cantalès.


Notre objectif est la capture de quelques grosses perches et de quelques sandres au plomb pour faire des photos.
Pour assurer le coup nous avons programmé deux journées de pêche en période favorable.

La première matinée est un peu hésitante mais nous permet tout de même de prendre une dizaine de poissons, sandres et perches confondus, en changeant plusieurs fois de postes.

Le temps est gris et pluvieux avec un léger vent, et l'octopus vert chartreuse semble être la couleur du jour. Vers 14h nous trouvons une concentration de carnassiers actifs sur une plage, entre 11 et 15 mètres de profondeur.

Je pose un marqueur et nous explorons ses alentours en dérive. Au sondeur, du poisson en mouvement partout : sur une dérive de 100 m l'écran est saturé d'échos qui partent dans tous les sens.

Les touches se multiplient, en majorité des sandres de 40 à 65 cm mais aussi quelques grosses perches.
En moins de trois heures nous allons prendre une centaine de poissons que nous relâchons au fur et à mesure sans que ça ne change quoi que ce soit à l'agressivité de la meute.

Nous multiplions les doublés, le plomb n'arrive parfois pas jusqu'au fond car attaqué à la descente. Pris par la frénésie nous décrochons un nombre impressionnant de prises mais dans les secondes qui suivent une autre attaque survient.

Là où l'affaire se corse, c'est que trois autres pêcheurs répartis sur deux barques prospectent la même plage en verticale au leurre souple et n'ont pas une touche.

Au bout d'un moment, n'y tenant plus, l'un d'eux nous accoste et demande à quoi nous pêchons. Laurent ouvre sa boite et lui donne un plomb monté.

Le gars connaît vaguement mais n'a jamais pratiqué. En bon guide de pêche Laurent lui prodigue quelques conseils.Le gars se lance, et malgré une animation trop molle finit par prendre ses premiers sandres au plomb palette, tandis que ses collègues qui sont restés au leurre souple ne touchent toujours rien.

Sur le chemin du retour nous croisons Marc Tissot (une référence) qui a pêché toute la journée au mort manié et n'a pris « que » six sandres.

Et c'est là que l'on touche à l'une des singularités du plomb palette, qui est cette faculté de parfois prendre du poisson à la pelle quand d'autres techniques ne produisent que des résultats ordinaires ou décevants.

Bien sûr le plomb ne fait pas de miracles et connaît des passages à vide, comme toute autre technique. Mais même en cas de pêche difficile il reste une valeur sûre dans la mesure où il est bien rare qu'à un moment ou l'autre il ne prenne pas quelques poissons.

Dans le pire des cas c'est un excellent sauve-bredouille, dans le meilleur c'est la méthode du jour. Autant de raisons de connaître et maîtriser la technique, quitte à ne l'employer qu'en dernier recours.

  Son matériel

- Canne : Génésis LL Fred Brilloux 5-15 g Garbolino ou Dracken GTS Fred Brilloux 10-40 g (Garbolino) pour les plomb supérieur à 25 g.
- Moulinet : Stradic 2500 (Shimano).
- Tresse : Matrix pro 12/10 (Sufix) ou Alien Sensitive (Adam's) 14/100.
- Fluorocarbone : PVDF (Water Queen) en 30/100 (35/100 pour les plombs lourds).
- Plombs : Laurent les fabrique lui-même, de 15 à 25 g.
- Triples : Barbarian n°4 (VMC).

  Ses astuces

- Laurent prépare ses montages à l'avance, sans le plomb qu'il ajoute au dernier moment. Ils sont piqués et enroulés autour d'un tube de mousse (isolation de tuyaux), qui rentre pile dans un casier de boite Plano 3730.

- Ses octopus sont des Delalande modèles mer en plastique résistant qui existent en plusieurs tailles et de nombreux coloris. Les tailles qu'il préfère sont 6 cm (standard) et 4 cm pour la perche.

- Il insère un petit tube de mousse (type éponge) dans la tête de l'octopus, ce qui le fait rend moins dense et facilite le prise par le poisson. Cette mousse peut aussi être gorgée d'attractant liquide (spray Gulp).

  Ses conseils

- Rajouter un montage drop shot 50 cm au-dessus du plomb, avec un tout petit leurre souple finess genre Drop Shad (Delalande).

- Couleurs de l'octopus (valeurs sûres) : jaune et vert (le top), blanc, rouge, zébré, phospho.

- Animation standard : tirée sèche de 50 cm, pas de contrôle à la descente. Peut se pratiquer à distance. Parfois une animation plus sèche et moins ample donne de meilleurs résultats.

- Grammage : il descend rarement en dessous de 15 g. 20 et 25 g sont souvent nécessaires selon la profondeur et la vitesse de dérive.

 
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