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Pêche et météo :
La température

vignette météo

Simple en apparence, ce facteur météo est peut-être celui qui a les effets les plus complexes sur les milieux aquatiques et la plus grande incidence sur la pêche.

En eau peu profonde les variations de température atmosphérique ont plus d'impact.Son importance tient au fait que la plupart des poissons sont ectothermes, c'est à dire qu'ils ne contrôlent pas leur température corporelle qui est la même que celle de l'eau. Ils sont donc strictement dépendants de la température de leur environnement.

Par ailleurs chaque espèce a un préférendum thermique, une plage de température dans laquelle son métabolisme est à son maximum.
Quelques exemples : 10° pour la truite fario , 22-25° pour le brochet et le gardon, 26-27° pour le black bass, 30° pour la carpe.

Enfin, la capacité de l'eau à dissoudre l'oxygène étant inversement proportionnelle à sa température, une eau chaude peut être impropre au confort ou même à la survie d'une espèce.

Pour ce qui concerne la pêche, les points importants sont les suivants :

- Les poissons ont tendance à rechercher une eau dont la température se rapproche le plus de leur préférendum.

Cela demande à être nuancé, car en réalité d'autres facteurs peuvent les en écarter (nourriture, manque d'oxygène, insécurité), si bien que l'emplacement des poissons répond en fait à un compromis entre plusieurs facteurs parfois contradictoires.

- Leur degré d'activité alimentaire est lié à la température. Leur métabolisme est à son maximum quand on s'approche de leur préférendum, et diminue quand on s'en écarte. Le temps de digestion augmente quand la température diminue, la prise de nourriture est donc plus espacée.

Il existe toutefois une différence entre la température optimale pour le poisson et la température optimale pour la pêche.
Par exemple en période de reproduction il ne s'alimente quasiment pas même si l'eau se réchauffe et se rapproche de son préférendum.
Inversement, il se nourrit activement à l'approche de l'hiver, alors que la température s'éloigne de son préférendum.

La pêche des carnassiers devient souvent excellente quand l'eau passe en dessous de 15°, et reste très bonne jusqu'à 8°, après quoi l'activité diminue.

- Les variations de température sont souvent plus importantes que la température en valeur absolue.

Il faut bien sûr distinguer les variations progressives et de faible amplitude (par exemple entre le jour et la nuit), et les variations brusques résultant de l'arrivée d'un front froid accompagné de vent ou encore d'une fonte des neiges brutale.

Le poisson est habitué aux premières et règle son activité sur ces faibles variations, tandis que les secondes sont mal supportées, entraînant un stress qui ne les incite pas à se nourrir pendant tout le temps nécessaire à leur organisme pour s'y habituer, avec un retour progressif à la normale.
Inversement une variation progressive est souvent propice, surtout si elle contribue à rendre l'eau plus « confortable ». C'est à dire qu'un réchauffement ou un rafraîchissement progressifs sont respectivement favorables en hiver et en été.

astuce  La reproduction

variations de luminositéUne brusque refroidissement des eaux après la reproduction peut entraîner une forte mortalité du frai, surtout s'il est accompagné de vents forts ou d'une crue.
Un tel phénomène a des effets directs sur la pêche de l'année en cours, puisque les alevins étant trop peu nombreux, leurs prédateurs doivent se tourner vers une autre source d'alimentation.

Leurs tenues estivale ne seront pas les mêmes selon qu'ils se nourriront d'alevins en bordure, d'écrevisses ou de gardons de l'année précédente, qui se tiennent plus au large.
C'est ce qui explique que certaines années on observe de très nombreuses chasses de bordure exploitables aux leurres de surface alors que l'année suivante ces chasses sont rares et que la pêche se fait au leurre souple à gratter ou en pleine eau.

Inertie

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froid et brouillardL'eau se réchauffe et se refroidit moins vite que l'air.

C'est pourquoi les variation de température atmosphérique au cours d'un cycle de 24h ne sont pas intégralement transmises à l'eau, et c'est heureux car en hiver tous nos plan d'eau gèleraient intégralement.

Ce sont surtout les couches superficielles qui connaissent les variations les plus importantes (plusieurs degrés au cours d'une journée), tandis que les couches profondes sont moins affectées.

Cet effet tampon est particulièrement évident en lac profond, beaucoup plus long à se réchauffer et à se refroidir en profondeur qu'un étang peu profond.

L'influence d'un gros coup de froid ou d'une canicule ne sera pas donc la même selon les plans d'eau. Il existe toutefois des facteurs qui accélèrent l'échange thermique dans des proportions importantes : le vent (en brassant la surface et en créant des courants de fond) et la crue qui apporte de grosses quantité d'eau plus chaude ou plus froide.

Dans un étang où une baie peu profonde, la température de l'eau varie plus vite, et elle est à peu près homogène de la surface jusqu'au fond.
Il en va de même en rivière, surtout si elle est rapide (brassage) et peu profonde.

caniculeLe poisson subit ces fluctuations sans pouvoir s'y soustraire, et l'impact de la météo y est plus important qu'en eau profonde. Cet inconvénient est compensé par un avantage : le retour à des conditions favorables s'y fait plus rapidement.

Si la température est homogène dans la colonne d'eau, il peut malgré tout y avoir des écarts d'un secteur à l'autre. Par exemple une baie très peu profonde sera plus froide en hiver (peu de poissons), mais se réchauffera plus vite au printemps (beaucoup de poissons) et sera très chaude et mal oxygénée en été (désertion de certaines espèces).

Les secteurs de pleine eau, généralement plus profonds et plus ventés, ne sont pas bons au printemps mais se peuplent au fur et à mesure que l'été avance et que le poisson recherche une eau plus fraîche et mieux oxygénée. Ils sont également recherchés en hiver pour leur profondeur.

L'orientation de la berge par rapport au vent est importante. C'est une question de logique : si le poisson est à la recherche d'eau plus chaude (printemps, hiver), il aura tendance à fuir les zones battues par un vent froid, et à privilégier les zones abritées et ensoleillées.

Mais si le vent est plus chaud que l'eau (fréquent au printemps), alors la berge qu'il brasse peut être favorable.

Si le poisson est à la recherche d'eau plus fraîche, la berge ventée est souvent très bonne, tout comme les secteurs ombragés, les arrivées d'eau, les zones de résurgence.
On observe à peu près le même schéma en rivière, où le poisson recherche les eaux vives et oxygénées en été, et au contraire les calmes, fosses, bras ou darses en hiver. Tout ceci n'est pas toujours facile à appréhender, mais il suffit d'un thermomètre et d'un peu d'expérience pour parvenir à trouver le secteurs a priori les plus propices.

astuce  Neige

Coloris des leurresC'est peu connu, mais un temps neigeux est souvent excellent pour la pêche des carnassiers et salmonidés, et en particulier pour les captures de gros poissons.
À croire qu'ils sentent que ces jours là il n'y a pas grand monde au bord de l'eau et qu'il peuvent se nourrir sans risque.

Plus sérieusement, quelles qu'en soient les raisons, les témoignages de très belles pêches faites sous les flocons, et notamment de gros poissons, sont trop nombreux pour qu'il puisse s'agire d'une coïncidence.

Encore faut-il pouvoir se rendre à la pêche ces jours-là et en avoir le courage, ce qui est une autre histoire :)

 

Thermocline et stratification thermique

Sandre barrage hiver
En lac profond, les choses sont plus complexes, à cause de la stratification thermique et de certains phénomènes physico-chimiques qui l'accompagnent.

Mais, en gros, le schéma classique est le suivant :

- En hiver la température de l'eau est à peu près uniforme de la surface jusqu'au fond, abstraction faite des faible écarts journaliers qui n'affectent que le premier mètre.
En général le poisson déserte les zones de haut-fond et se tient souvent entre 10 et 20m.

- Au printemps l'eau se réchauffe par la surface sous l'effet du soleil et du vent.
Dans un premier temps seuls les premiers mètres sont affectés par ce réchauffement, de sorte que les baies peu profondes et abritées deviennent hospitalières et sont colonisées (période de reproduction).

- En fin de printemps et début d'été, s'il fait très beau, l'eau est chaude en surface (20°-25°), mais les couches profondes restent froides (moins de 10°).
Tout le poisson est alors concentré dans les premiers mètres, parfois suspendu dans tout le plan d'eau.

Sandre ciel nuageuxC'est l'époque de la pêche du sandre dans 2m d'eau sur des profondeurs de 40m...

- L'été, les couches profondes se réchauffent progressivement et il finit par se former une thermocline, dont la profondeur varie en général de 12 à 20m selon les plans d'eau.
Cette thermocline est une zone étroite dans laquelle la température, qui jusque là décroissait progressivement depuis la surface (de l'ordre de 1 ou 2° tous les mètres), chute brusquement et au-dessous de laquelle est reste ensuite quasi-uniforme jusqu'au fond.

En général la majorité des poissons restent entre la surface et la thermocline ou a sa proximité s'ils cherchent de l'eau fraîche. Les couches superficielles sont souvent délaissées car trop chaudes.
Dans des eaux très riches en matière organique, la zone située sous la thermocline peut être complètement privée d'oxygène en été.

- En automne l'eau se refroidit progressivement par la surface (pêche souvent très bonne), jusqu'au moment où sa température rejoint celle de la thermocline.

On dit alors que le lac devient instable. Au premier gros coup de vent les couches profondes froides et mal oxygénées se mélangent avec celles de surface (on parle de « retournement » ou "turn over" ).
Cet épisode dure une ou deux semaines, la pêche y est très difficile.

Après quoi on se retrouve dans une configuration hivernale avec une température d'eau homogène qui baisse de plus en plus en plus jusqu'au printemps.

Je suis conscient que toutes ces considérations peuvent paraître complexes et abstraites, pourtant elles sont d'une importance primordiale si l'on ne veut pas passer des journées entières à pêcher des secteurs déserts, comme je le vois faire très souvent par des pêcheurs peu avertis des cycles de leur plan d'eau.

La connaissance et la compréhension du milieu, la localisation du poisson, constituent la véritable clef du succès, bien plus que la maîtrise technique et la qualité du matériel employé.


 
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